Occuper l’espace, discussion aux Ateliers du Chaudron

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Le 5 Juillet dernier l’atelier Genre et Ville posait ses valises aux Ateliers du Chaudon sur le thème occuper l’espace…

Elore : « J’ai commencé à traverser la ville en « scooter » comme infirmière à Montpellier, j’avais une fonction et des buts.  Puis j’ai établi un autre rapport à la ville en tant que photographe.  La vie publique est devenue compliquée avec la domination des hommes dans la ville, je trouve que le combat se joue à forces inégales.  Droits de la rue : ils sont virtuels, il faut les conquérir ! »

Michèle : « J’ai mis en place des [cafés – quartiers] J’allais dans des laveries, et demandais au gens de dessiner sur des plans ce qu’était pour eux le quartier.  Ca a donné une récolte de paroles qui a été exposée à la Maison des Metallos.  Le tout s’est décliné avec une linguiste et une artiste sur le thème de la « frontière », tracer des parallèles sur les frontières avec une philosophe sur frontière = peau.  Ca n’est pas facile d’aller dans l’espace public. »

Gina : « Avec la Maison des Femmes, j’ai monté des spectacles aux Ateliers du Chaudron.  Il s’agit de donner du courage à l’autre pour sortir de sa souffrance : empowerment »

Tanit : « Avec les Ateliers du Chaudron on a fait énormément de performances artistiques.  Au départ on était un petit théâtre qui a commencé avec le Bread and Puppet Theater.  Le travail des Ateliers du Chaudron s’est cristallisé à maintes reprises; il s’est aussi transposé ailleurs : dans un quartier de la ville, pour monter un spectacle de rue par exemple; dans une institution pour personnes en difficulté… Ici, faire du théâtre n’est nullement un divertissement, mais un acte de survie. Cet acte, par son urgence, peut transmuter le processus théâtral même. Par exemple, on allait aborder les gens sur les marchés en étant déguisées.  Le lien se faisait très bien »

Elore : « J’ai commencé mon travail de photographe en m’installant sur le terrain, là ou j’habite, dans les HLM entre Bagnolet et Montreuil.  Il y a une grande mixité.  On y envoyait les artistes en difficulté, les femmes avec enfants dans un cadre social inexistant.  Je me disais « soit j’ai peur, soit je n’ai pas peur, il faut occuper l’espace public !  Quelle est la réalité d’être citoyen-ne ? du collage d’affichettes ? ces lieux les refusaient ! les artistes étaient refouléEs !

J’ai occupé l’espace public. Un tapis. Une Chaise. Raconter une/mon histoire.  Au minimum, ça m’a guérie du narcissisme – et j’y ai gagné une subvention ! – La conquête, ce n’est pas attendre que ça arrive ! »

Joëlle : « Prendre la rue, l’occuper et l’investir avec un message, c’est ce qu’on a voulu avec le Parcours Filles-Femmes. La rue nous appartient.  C’est dans la rue qu’on a la relation la plus proche avec les gens.  La rue, plus on la prend, plus elle nous appartiendra ! On peut d’ailleurs reposer la question « qu’est-ce qu’un espace culturel ? » La rue peut être un espace culturel ! Et pour revenir au rôle des femmes, celles-ci ont joué un rôle énorme aux Métallos ! C’est elles qui ont défendu le combat de la maternité des Bluets, aussi appelée maternité des Métallos, lieu pionnier de l’accouchement sans douleurs.  Nous avons donc ce devoir, à travers le parcours Filles-Femmes qui va fêter ses 10 ans, de prolonger la place des femmes au sein de la Maison des Métallos. »