Saisine du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes sur le harcèlement sexiste dans les transports

Audition de Genre et Ville par la Commission Violences de Genre, dans le cadre de la saisine du Haut Conseil à l’Egalité Femmes Hommes par le Ministère des Droits des Femmes.

Voir ici la lettre de Saisine sur le site du HCEfhLevitation Tokyo par Natsumi Hayashi

C’est avec notre approche toujours interrogative sur les stéréotypes au sujet de sécurité et de harcèlement que des membres de notre équipe Pascale Lapalud, Sydney Baloue et Chris Blache ont répondu aux questions du HCEFH​.  Nous avons ainsi contribué à la collection d’informations permettant réponse à cette saisine et allons continuer à le faire en prodiguant notamment des données sur les actions menées dans d’autres pays.  Ces travaux sur le harcèlement dans les transports sont dirigés au sein de Genre et Ville​ par Sydney Baloue.  Vous retrouverez prochainement sur notre site plus d’informations à ce sujet.

Ci-dessous l’introduction de notre audition.

Genre et Transports Publics

A Genre et Ville, plus que tenter de changer les autres, nous sommes convaincues de l’énorme bénéfice à se changer soi-même.

L’axe de recherche et d’actions que nous menons est moins dirigée vers une régulation des actions des hommes, même si elle y contribue, que vers une libération des actions des femmes et ou de tout individu quelle que soit son identité. De personnes ne se reconnaissant pas dans un ordre codé que l’on pourrait qualifier de domination masculine mais qui relève plutôt d’une « Masculinité Hégémonique ».

Qu’est-ce qu’une masculinité hégémonique ?
Les sociologues et géographes Connell et Messerschmidti la définissent ainsi : « La masculinité hégémonique n’a jamais été considérée comme allant de soi d’un point de vue statistique, car seule une minorité d’hommes peuvent s’en réclamer. Mais elle est sans doute normative. Elle incarne la forme la plus vénérée de ce que doit être un homme, elle impose à tous les autres hommes de se positionner par rapport à elle et elle légitime idéologiquement la subordination totale des femmes aux hommes ».
Pour compléter cette définition, les géographes Charlotte Prieur et Louis Dupont rajoutent : « Souvent confondu avec le patriarcat, ce concept permet de prendre la mesure du pouvoir normatif et de la masculinité dominante, tant sur les hommes que sur les femmes. »

Sur le plan de la pensée, de la réflexion, dans une logique à moyen et long terme, Genre et Ville se nourrit des travaux des chercheuses et chercheurs en Géographie critique, histoire, gender studies, women and men’s studies, LGBTQI, intersectionalité, qui étudient les marges afin de mieux éclairer la norme.

Ce point est non négligeable au sens où ce à quoi nous nous attaquons ici, en l’occurrence le harcèlement sexuel, est souvent perçu et traité dans un prisme duel femme/homme.

Sortir du harcèlement, implique d’une certaine façon de se dégager de la dualité, des polarités, des oppositions binaires. Les femmes sont victimes de harcèlement mais lesquelles ? et toujours pour citer Prieur et Dupond, quid des féminités masculines, des masculinités féminines, des queers, des trans ?
Croiser l’ensemble des disciplines à la recherche d’une solution à un problème commun est donc le socle qui nous permet d’analyser la mise en place et la pérennisation de pratiques constitutives d’inégalités et surtout de privation de liberté, ce qui est le sujet premier qui nous préoccupe aujourd’hui.

Notre réflexion implique également une grande vigilance vis-à-vis des actions mises en œuvre pour solutionner les questions d’inégalité, de sécurité.
Comme indiqué dans un article du site pop-up urbain du 24 sept 2013, il ne s’agirait pas, sous couvert de civilité et de civisme, de,
– Renforcer les stéréotypes d’une part
Si l’on parle de mobilités « Faire la ville pour les femmes ne signifie pas fluidifier leur déplacement de la cuisine à la crèche… »
– « Ou, pour les institutions, l’Etat, [ou les transports publics], de récupérer la colère légitime des féministes et des femmes ou individus oppressées dans les transports, afin de policer un peu plus la société. De nous vendre un peu plus de surveillance, de panoptique, de flicage, sous des prétextes d’égalité.