Genre et Ville soutient les Dégommeuses et le sport pour touTEs!

Mercredi 28 janvier, les Dégommeuses ont été confrontéEs à la lesbophobie et au sexisme d’un entraîneur d’un autre club. Partant d’une banale histoire d’occupation de terrain, l’entraîneur en a profité pour montrer qu’il n’entendait pas laisser si facilement « son » espace. Il a alors déversé un flot d’insultes, émis des menaces physiques et demandé à ses jeunes joueurs d' »applaudir les lesbiennes ».

Mercredi 4 Février, Genre et Ville soutiendra les Dégommeuses par sa présence au Stade Louis Lumière et réaffirme la nécessité d’une pluralité d’usages et d’usagerEs de l’espace public.

Nous profitons de cette occasion pour partager avec vous une fiche spécifique de recommandations à propos du foot faite en janvier 2014 à l’occasion d’une évaluation plus globale que nous avions réalisée à Lyon dans les cours d’école à propos d’égalité et de partage d’espace.

Le cas particulier du foot

Le foot dans les cours d’école est un exemple emblématique d’exclusivité d’usage de l’espace qui nuit à la mixité et par rebond à l’égalité à plusieurs niveaux.  Pour cette raison, nous lui avons réservé un paragraphe particulier.

Le foot comme vecteur de monopolisation du territoire

La forte préhension sur l’espace que produit le foot a été relevée et évoquée par un nombre conséquent de filles qui s’en sont plaintes, plus particulièrement lorsque les cours sont petites et que les alternatives sont impossibles pour jouer ailleurs.  Le foot déborde, le foot envahit, et le foot correspond dans les esprits à un univers masculin.  Nous sommes donc bien confrontés à un territoire d’exclusivité qui limite considérablement les tentatives de mixité et de partage.

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Les effets induits de cette monoculture chez les garçons et à terme chez les filles

La monoculture engendrée chez les garçons par le foot hormis le fait qu’elle se traduit par un usage exclusif de territoire est intéressante à analyser pour ce qu’elle crée.

Par analogie, à travers une analyse du système sanction/transgression, nous pouvons citer la chercheuse Sylvie Ayral qui met en lumière des parallèles entre un développement orchestré autour des valeurs de virilité, et la consolidation d’un certain nombre d’attitudes qui cloisonnent les garçons dans cet univers.

« La grande majorité (80 %) des élèves punis au collège sont des garçons. Comment expliquer ce chiffre en contradiction avec le discours officiel sur l’égalité ? Pourquoi n’attire-t-il pas l’attention des équipes éducatives ?

Il montre l’effet pervers des punitions qui consacrent les garçons dans une identité masculine stéréotypée et renforcent les comportements qu’elles prétendent corriger: le défi, la transgression, les conduites sexistes, homophobes et violentes. »  Sylvie Ayral – « La fabrique des garçons – Sanctions et Genre au Collège »

Cette identité qui conduit à des attitudes pour une grande part sanctionnées lors du parcours scolaire et qui peuvent expliquer un déséquilibre dans les résultats filles/garçons, avec de moins bons résultats pour les garçons, conduit à une pénalisation pour eux. « [La Sanction] permet aussi un passage symbolique : l’entrée dans le groupe des garçons dominants.»  Sylvie Ayral

Cette construction mono-culturelle, acquise notamment via le foot, semble porter certains fruits lors de l’entrée dans la vie professionnelle et pourrait aider les garçons plus que les filles.

Dans le monde du travail, les éléments construits dès la petite enfance trouvent leurs corolaires avec des qualités intégrées comme « féminines » de sociabilité, de capacité à être multitâches, et des qualités intégrées comme « masculines » de leadership, de courage, de technicité pointue. Les bons résultats des filles à l’école ne semblent pas suffire pour compenser les acquis des garçons à s’octroyer des places.  La construction de l’identité masculine acquise dans le défi, à travers le foot notamment semble alors un atout alors que les filles auront tendance à continuer à se mettre en retrait.

Pour ces raisons, nous pensons important :

De réduire la place du foot en général dans l’espace de la cour d’école, afin de

  •  Libérer de l’espace pour d’autres activités, plus de diversité
  •  Enlever la charge symbolique imposée aux garçons par le foot

D’encourager l’engagement dans le foot et le sport collectif chez les filles, pour développer des capacités de leadership et de jeu collectif et favoriser ainsi une égalité des chances par rapport aux garçons.

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