Dannemarie : un jugement qui peut tout changer dans notre lutte contre le sexisme !

Communiqué de presse commun – 13 Août 2017

Dannemarie: Un jugement qui peut tout changer dans notre lutte contre le sexisme !

Féministes de toutes les générations, nous luttons depuis des années contre le sexisme dans l’espace public. Mais en l’absence d’une vraie loi contre le sexisme, c’est la croix et la bannière pour le caractériser et le faire condamner ! Alors nous sommes souvent obligée de nous mobiliser face à la profusion des supports de communication réduisant les femmes à des rôles stéréotypés (ménagères, consommatrices) ou à des objets sexuels.

Le mois dernier, c’est la commune de Dannemarie, une institution publique donc, qui a planté partout dans la ville des silhouettes de femmes, quasiment toutes de la même morphologie (proche de l’anorexie, si ce n’est les courbes qu’il faut là où il faut), couchées dans des positions lascives, assises cuisses écartées, s’adonnant à des activités telles que le shopping, le striptease, le retrait de maillot ou le léchage de babines. Car oui, « les femmes » étaient aussi représentées par une partie isolée du corps, pas n’importe laquelle, ou des objets comme la chaussure à talon. Bref, un amas de stéréotypes sexistes.

Heureusement, le Tribunal Administratif de Strasbourg a ordonné au maire de Dannemarie de retirer ces silhouettes de l’espace public. Suite à quoi, le Maire a défié la décision de justice en appelant les habitants de la commune à afficher les figurines dans leurs jardins, côté rue.

Qu’à cela ne tienne. Nous sommes extrêmement enthousiastes car cette décision du TA Strasbourg, du 9 août 2017, n°1703922, est une énorme avancée juridique !

En effet, le juge a analysé ces panneaux comme « des éléments du corps humain, notamment les bouches (…) grossièrement déformés », des femmes « représentées d’une manière caricaturale et réduites à un rôle de reproductrice (..) ou parfois même de façon graveleuse, dans des positions dégradantes (…) », promouvant « une représentation dévalorisante de la condition féminine de nature à encourager des attitudes irrespectueuses à l’égard des femmes ».

Ce jugement courageux a enfin reconnu le continuum établi par les féministes depuis des décennies entre la promotion publique du sexisme, les violences symboliques et les violences subies par les femmes, comme l’a brillamment développé l’avocate Me Lorraine Questiaux lors de l’audience.

Ce jugement vient d’offrir à toutes les associations féministes une voie de droit pour faire retirer de l’espace public, en 48h, via le référé liberté, toutes les publicités, affiches, images ou autre support gravement sexiste, qu’elles soient le fait de l’État, de collectivités territoriales ou de personnes privées, le principe d’égalité femmes-hommes étant reconnu comme une liberté fondamentale au sens de l’article L 251-2 du CJA !

La commune de Dannemarie a entretemps déclaré qu’elle ferait appel en se plaignant que le jugement établisse « une hiérarchie dans les libertés fondamentales, entre la liberté d’expression, la liberté artistique et le principe d’égalité hommes-femmes (loi de 2014). Il décrète que cette dernière dépasse toutes les autres ». Encore heureux que la liberté d’expression aie une borne, l’atteinte aux principes de la République ! C’est bien pour cela que le racisme et le sexisme sont condamnés si une œuvre ou une parole publique les promeut ! Leur communiqué finit par ces mots : « La liberté partielle n’existe pas ! »… Plait-il ? Mais de quelle République cet homme est-il élu ? La République française n’est pas un régime neutre. La loi de 1972 contre le racisme et l’antisémitisme n’a mis fin, que l’on sache, ni à la liberté d’expression, ni à la liberté de création artistique, et c’est toute la mission de la République de réaliser l’équilibre entre ces libertés et les limites au delà desquelles ces libertés piétinent ses valeurs.

Militantes de terrain, nous refusons qu’une institution publique montre aux femmes et aux petites filles une projection caricaturale de ce qu’une société patriarcale attend d’elles. À quoi servent toutes les actions menées par les politiques publiques contre le sexisme et les stéréotypes, si une ville peut au contraire véhiculer un discours normatif et prescriptif aux femmes ? Or ce sont bien les représentations sexistes qui forgent les mentalités et qui banalisent les discriminations. Dénigrées, remises en cause dans leurs compétences, les femmes sont continuellement renvoyées aux préjugés projetés sur elles, femmes-objets / femmes d’intérieur. Une municipalité a l’obligation, au contraire, de lutter contre ces stéréotypes en donnant à voir par exemple des femmes actives, sportives, de toutes morphologies, s’adonnant à d’autres activités que celles attachées à la maternité ou à la frivolité, images que les concitoyens ne cessent d’absorber dans un espace public déjà saturé par le sexisme.

La Brigage Anti-Sexiste

Les Chiennes de Garde

Les effronté-e-s

Les Glorieuses

Genre et Ville

Georgette Sand

MALI (Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles)

OLF Osez le Féminisme

Le Salon des Dames

Zéro Macho

Communiqué soutenu par:

Eliane Viennot, Historienne

Réjane Sénac, Politiste

 

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Voir également les communiqués de La Fondation des Femmes et du Collectif National pour les Droits des Femmes.

Fondation des femmes    Collectif Droits des Femmes

Communiqué du 10 août 2017 – Dans le cadre d’un référé-liberté, le tribunal administratif de Strasbourg a enjoint, sous astreinte, au maire de Dannemarie de retirer les 125 panneaux installés sur les espaces publics de la commune. La Fondation des Femmes salue cette victoire juridique.
Le juge a ainsi considéré que ces représentations caricaturales de femmes, enceintes ou dans des positions lascives notamment, “illustrent une conception de la femme, inspirée par des stéréotypes, qui la confine à une fonction de mère et surtout d’objet sexuel”. Dès lors, en les installant, la commune a commis une atteinte grave et manifestement illégale au principe d’égalité entre les femmes et les hommes.
Il s’agit d’une consécration du principe d’égalité entre les femmes et les hommes comme liberté fondamentale au sens de l’article L. 521-2 du code de justice administrative.
Le référé-liberté a été utilisé pour la première fois par l’avocate Lorraine Questiaux sur ce sujet, à la demande de l’association Les efFRONTé-e-s . Une telle victoire juridique est importante pour l’égalité femmes-hommes car elle pourrait à l’avenir être invoquée pour obtenir le retrait de tout affichage public dégradant pour l’image des femmes.

Communiqué du CNDDF

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